III - Le marché de Saint Amant-Tallende,
et le Juge de paix |
Tous les samedis avait lieu le marché de
Saint Amant que les hommes n'auraient
pas manqué pour un empire. Celui qui
avait un cheval l'attelait à sa carriole
et accrochait à la têtière de l'animal
un ornement indispensable : une queue de
renard, et descendait à Saint-Amant -
parfois un peu vite - à tel point qu'une
pancarte hélas délavée par les temps,
sur la façade de la maison Jarton, à
Issac, indique : «Par arrêté municipal,
il est expressément interdit de faire
trotter, ou galoper les chevaux, dans
l’agglomération, sous peine d'amende››.
L'on filait vite sur l'allé dite
Marguerite de Valois, au XIX° siècle,
plantée de tilleuls (les marronniers les
remplacèrent vers 1900) pour assister au
spectacle : la séance chez le Juge de
paix à Saint Amant Tallende. Cette
charge honorifique était exercée
gracieusement par un notable.
Là on apprenait… toutes les brouilles du
canton. L'essentiel était d'obtenir un
arrangement à l'amiable, éventuellement
accompagné du paiement d'une amende. La
honte absolue était de faire quelques
jours de prison.
Epilogue arrosé au bistrot du coin ; et
l'on revenait somnolent, hissé par
quelques bras charitables dans son char,
allègrement transporté par son cheval
qui se défoulait après l'ankylose devant
la porte du café. Parfois un peu pressé
de rentrer, le cheval laissait son homme
sur la chaussée et fonçait à fond de
train les grelots, au propre comme au
figuré ce qui faisait dire aux gens qui
reculaient prudemment : «Tiens ! il y en
a encore un qui est resté en bas !››.
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