Le 4 juillet 1881,
Lucien Madrassi venait au monde au 46
rue de la Vanves à Paris.
Son père, Lucas Madrassi, né à Tricesino,
dans l’arrondissement d’Udine, en
Italie, était artiste statutaire. De son
origine au pays du soleil et des arts,
il tirait son tempérament fantaisiste,
impulsif. Ses créations révèlent le fond
de cette nature bohème, amoureuse des
jouissances d’une vie facile, rebelle à
toute contrainte.
Sa mère, Marie-Yvonne Corbier, née à
Saint-Brieuc, d’une vieille famille
bretonne, excellente musicienne, avait
épousé par amour cet homme du midi. Le
calme, la douceur de son caractère formé
au spectacle de la lutte continuelle des
éléments sur lesquels l’homme est
impuissant, furent peut-être voués à
l’épreuve ; mais rien n’altéra l’amour
et l’admiration qu’elle avait voués au
mari et à l’artiste.
Un frère ainé, Marcel-Luc, formait avec
les parents le milieu familial où
s’éleva Lucien Madrassi.
Ses premiers compagnons de jeux et
d’école furent : Léon, qui devint le
statuaire bien connu, Léonard ; le futur
auteur des Montparnos, Michel-Georges
Michel ; Georges Marnez, l’architecte
dont le nom est gravé sur un grand
nombre des plus beaux immeubles de
Paris. Tous trois demeurent tout au long
de sa vie, des amis intimes.
La vie de Madrassi peut se diviser en
quatre périodes :
- Première période : avant la guerre de
1914
- Deuxième période : la guerre de
1914-1918
- Troisième période : 1919-1939
(le détail du contenu des textes
concernant les 3 premières périodes et
sa carrière internationale est à
retrouver dans le document d’origine –
voir références ci-dessus)
- Quatrième période : fin 1940-1956,
Saint Saturnin – Paris
(ne sont retranscrits ici les textes
relatant les seules périodes de présence
à Saint saturnin)
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Démobilisé le 3
septembre 1940, Madrassi, ne pouvant se
faire à l’idée de retrouver son cher
Paris occupé par les Allemands, rejoint
sa femme à Saint Saturnin et décide d’y
rester. Dans ce pays tranquille où
l’éternelle nature berce l’angoisse des
hommes et les rassure, en leur montrant
les forces indomptables de la vie, il
oublie les conflits sanglants des
nations antagonistes. Mais d’abord il se
penche sur le problème qui le passionne
: « le rôle de l’art populaire et de
l’artisanat ». Le plan qu’il conçoit et
qu’il rédige, pour les autorités
compétentes, d’une manière si nette et
si persuasive, semble en avance sur
l’époque. L’idée qu’il a lancé fait
aujourd’hui son chemin. |
Rencontre
singulière préparée par le destin !
Blanche Selva, l’artiste de renommée
mondiale, s’est réfugiée à Saint
Saturnin, ayant tout perdu à la
révolution espagnole, Lucien Madrassi et
sa femme l’accueillent, l’entourent, la
réconfortent, lui apportent l’aide
morale dont elle a besoin car ses
magnifiques mains de pianiste
incomparable sont à demi paralysées.
Près d’eux elle se retrempe dans une
atmosphère d’ardente sympathie et
d’admiration.
Dans les longues heures de ces journées
d’hiver à la campagne, Madrassi, rempli
de passion par tout ce qui touche à
l’art, ouvre des horizons aux profanes
qui l’écoutent sans se lasser. Il fait
de nombreux portraits : le commandant
Eusébio, Hélène Roger d’Ansan,
Marie-Claude Schuhler, Suzanne et Jackie
Gallayrand, etc. Beaucoup d’enfants de
Saint Saturnin viennent aussi poser dans
son atelier, qui donne sur la terrasse à
créneaux d’où l’on découvre le beau
panorama qui enchante, hiver comme été,
les regards de ce véritable amant de la
nature.
(…)
En 1942, de Saint Saturnin, Madrassi
envoie au Salon de la Nationale,
Portrait de Verchère, charron de Saint
Saturnin ; La route, paysage de
Haute-Auvergne ; La Maison de Blanche
Selva à Saint Saturnin ; Panneau
décoratif. |
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En 1943, quand la ligne de démarcation
est supprimée, Madrassi et sa femme se
décident à regagner Paris pour les mois
d’hiver. (…) En 1944 il envoie au Salon
six tableaux dont Le Réfractaire (exposé
dans la salle du Conseil de la mairie de
Saint Saturnin).
En 1946 il est élu vice-président de la
Société nationale des Beaux-Arts. Il en
démissionne en décembre 1951.
(…)
En 1949, l’Unesco fait parvenir à
Madrassi un questionnaire pour l’enquête
« sur les conditions de la liberté de
l’artiste à notre époque ». Il y répond
avec sa franchise coutumière, sa
clairvoyance et sa compétence sur ces
questions. De 1949 datent : Eglise de
Saint Saturnin, Harmonie bleue,
Marianne.
(…)
Une crise cardiaque, tout à fait
imprévisible, le terrassa en quelques
minutes le 18 février 1956.
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