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Bibliographie
- Baluze, Histoire généalogique de la
maison d'Auvergne, Paris, 1708.
- Debidour V H, Plessy B, Auvergne,
Grenoble, 1976.
- De Bussac, Saint Saturnin, Le tourisme
en Auvergne, n° 34, Clermont, 1959.
- Jougla de Morena H, Grand armorial de
France, Clermont, 1938.
- « La fontaine de Saint Saturnin », 87°
congrès archéologique de France,
Clermont, 1924, p 430.
- archives départementales, ?C|.2700
Historique
Jean III .de la Tour, le dernier du nom,
hérita du château en 1494. A sa mort en
1501 ses deux filles se le partagent;
Anne qui épouse Jean de Stuart et
Madeleine qui épouse Laurent de Médicis.
La possession est de nouveau réunie sous
Catherine de Médicis, fille de
Madeleine, reine de France (après la
mort d'Anne). Marguerite de Valois, sa
fille, en hérite en 1606 et fait de
nombreux dons au village. En 1615 Saint
Saturnin devient possession des
Bourbons. M. de Brooglie entre en sa
possession en 1668 (dettes de François
de Rochechouart, marquis de Chandenier).
En 1696, on trouve une délibération
contenant un accord avec le comte de
Brooglie, pour la conduite d'une source
appelée Sazeyrat jusque dans le château
et dans la place de Saint Saturnin. |
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Fontaine
- place
- fontaine circulaire
- pierre de Volvic
- diamètre : environ 2.75 m
- classée monument historique en 1889
- inscriptions : Tel est mon us - Tel
est mon us |
Elle
est formée d'un bassin octogonal, au
centre duquel s’élève un fût également
de plan octogonal supportant un
réservoir coiffé d'un toit pyramidal.
Entre un large soubassement limité par
une moulure, et une margelle formant un
rebord saillant, les huit faces du
bassin portent chacune un écu posé sur
un fond de branchages entrelacés et de
petites fleurs. Les armes ayant été
grattées, elles sont absolument
illisibles. Seules celles de la famille
de Brooglie, rajoutées par la suite,
sont lisibles. Deux lions disposés
symétriquement les entourent.
Le fût est cantonné de huit colonnettes
derrière lesquelles s’enroule une
inscription en caractères gothiques,
également posée sur un fond de branches
entrelacées.
Enfin, le réservoir a ses angles ornés
de pinacles à crochets et présente sur
chacune de ses faces un écu, de même que
sur la vasque. Une frise faite de fleurs
de lys sépare cette partie du toit
pyramidal.
La fontaine dans son ensemble reste très
gothique par son décor : pinacles sur le
réservoir, pilier central cantonné de
colonnettes, parchemin enroulé autour du
fût ... Seuls, peut-être,
l'entrecroisement des branches et les
rosettes qui en comblent les vides,
peuvent indiquer l'influence des
rinceaux de la première renaissance,
mais d'une manière très frustre. Ces
tiges sont très semblables aux "bouleaux
ébranchés" que l'on trouve dans certaine
blasons, et il semblerait que le
sculpteur, habitué à ciseler des
armoiries, ait ici adapté son répertoire
à une nouvelle forme de décor.
Tout inciterait donc à dater cette
fontaine de la première moitié du XVI°
siècle.
Le premier problème est celui de
l'inscription. L'interprétation que l'on
a coutume d'en donner (psaume de David
appliqué à Marguerite de Valois : celum
celi dno dedit autem celum et Margtae),
semble peu convaincante quand on songe
aux multiples légendes attachées à son
nom, et à la date présumée de la
fontaine.
Il semble plus intéressant d'accepter la
solution proposée par M. Founier P. :
Tel est mon us. Devise répétée deux
fois, séparées par un vide. Elle est
écrite en français, de même que sur la
fontaine de Moulins.
L'écriture, la langue et l'esprit du
texte, indiqueraient certainement la fin
du XV° ou le début du XVI° siècle. Il
semble que l'on ait voulu faire parler
l'eau, la fontaine, ou bien celui qui a
pris l'initiative de cette construction.
Dans le premier cas comme dans le
deuxième, la phrase se comprend comme
l'habitude, l'usage qu'a l'eau ou la
fontaine de couler pour l'usage de
l'homme. Enfin s'il s'agit de la devise
de celui qui a fait faire la fontaine,
elle indique bien qu'il entre dans ses
habitudes de faire œuvre pour le bien
public.
L'autre question est de savoir si l'on
trouve vraiment les armes de la famille
des la Tour sur cette fontaine. Le
dernier héritier du nom mourant en 1501,
cela confirmerait la date limite de la
fin du XV° siècle pour la fontaine.
Or il est très difficile de discerner
quelque chose sur ces écus forts
endommagés, qui ont été martelés de
façon très soigneuse.
Voici ce que l'on peut voir, de nuit,
avec en éclairage frisant : (les blasons
ont été numérotés de 1 à 8 en commençant
par les armes des de Brooglie et en
tournant dans le sens inverse des
aiguilles d'une montre). |
Blasons du réservoir
1 Famille de Brooglie
2 4 6 - deux gonfanons
- deux groupes de cinq fleurs de lys
- au centre une rose ou un petit blason
3 5 7 - cinq fleurs de lys
- un gonfanon
- une bande et une fleur de lys centrale
- une fleur de lys sur la ligne de
partage
8 - un chevron
- un gonfanon
- sans doute un autre gonfanon
- au centre peut-être un petit blason
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Un rapprochement s'impose et nous donne
une solution au problème : Il s'agit du
triptyque de Vic le Comte,
l'Annonciation, conservé au musée de la
Caroline du Nord (Raleigh, USA). Ce
tableau provient de Vic le Comte où
résidaient ses donateurs, le Comte Jean
de la Tour d'Auvergne et sa femme Jeanne
de Bourbon Vendôme, dont le mariage date
de 1497. Ils sont figurés sur les deux
volets, présentés par leurs patrons,
Saint Jean Baptiste et Saint Jean
l'évangéliste, et accompagnés de leurs
armoiries. Or nous savons que Vic le
Comte, Mirefleurs et Saint Saturnin
étaient leurs trois résidences.
Si l'on compare les armes de ce tableau
et celles de la fontaine, le doute n'est
plus possible, il s'agit bien des mêmes
dessins en ce qui concerne le deuxième
et le troisième blason. Quant au
quatrième, il est désormais facile d'y
reconnaître l'alliance entre la famille
de la Tour d'Auvergne et celle de la
Tremouille (d'or, au chevron de güe ,
accompagné de trois aigrettes d'azur
becquées et membrées de güe). Il
s'agirait donc des parents de Jean, dont
le père Bernard comte d'Auvergne épouse
en 1444 Louise de la Trémouille .
Jean de la Tour mourant en 1501, suivi
peu après par sa femme, la date de la
fontaine est désormais très précise :
entre 1497 et 1501.
Reste évidemment une inconnue, le blason
qui se trouvait à la place de celui des
de Brooglie. Étant donnée la
disposition, la s'attendrait à y trouver
les armes des parents de Jeanne de
Bourbon Vendôme, à moins qu'il ne
s'agisse d'une troisième génération de
la famille de la Tour.
Jardin de la cure :
On y trouve plusieurs morceaux qui
pourraient avoir fait partie d'une
fontaine :
- une vasque très rustique, ornée de
godrons en creux, et bordée d'un boudin.
- une section de colonne octogonale,
cantonnée de petites colonnes de section
triangulaire; Ses faces sont ornées de
tiges entrelacées conçues sur le même
modèle que celles de la grande fontaine,
mais plus modestes. Des encoches
pratiquées sur le bord supérieur
devaient servir à l'écoulement de l'eau.
Il est malheureusement impossible
actuellement de savoir si cette pierre
est percée au fond. Contrairement à ce
qui avait été proposé, il ne peut s'agir
d'un morceau de la fontaine principale,
le diamètre étant plus petit (environ
0,50 m), et le décor beaucoup moins
soigné.
Mémoire de maîtrise d’Histoire de l’art
- 1979
Agnès Guillaumont
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