Jules-Emile Zingg est né à Montbéliard,
le 25 août 1882, dans un milieu
relativement modeste. Ses dons
artistiques et sa vocation sont très tôt
reconnus, et des bourses municipales et
départementales lui permettront de
recevoir une formation d'abord, en 1898,
à l'École des Beaux-Arts de Besançon,
puis à Paris à l'École Nationale des
Beaux-Arts où il est reçu au concours de
1902. ll y travaille dans l'atelier de
Cormon. Les premières œuvres qu'il
réalise là rencontrent immédiatement
l'accueille plus favorable (récompenses
prestigieuses et acquisitions par des
musées ou par l'État). En 1911 son
talent se voit consacré par
l'attribution du Second Prix de Rome.
L'année suivante il épouse Thérèse
Dumont, musicienne accomplie. De leur
union naîtront trois fils. En 1913,
nouvelle reconnaissance au Salon des
Artistes Français avec le Prix National,
en dépit de l'opposition de Cormon qui
juge l'évolution de son ancien élève
trop hardie et son style trop novateur.
La santé de Zingg, qui a toujours été
fragile, le fait réformer en 1914, mais
il est volontaire pour partir en mission
sur le front comme peintre aux Armées,
en compagnie de Vuillard. Des séjours en
Bretagne le mettent en relations
d'amitié avec Maurice Denis et Paul
Sérusier qui l'initient à l'esthétique
des Nabis.
À partir de 1918 il expose régulièrement
dans les galeries parisiennes les plus
prestigieuses (Druet, Bernheim) et
participe aux grands salons officiels
ainsi qu'à de nombreuses expositions à
l'étranger (Tokyo, Pittsburgh,
Stockholm, Mexico...). À côté de l'huile
et de l'aquarelle où il excelle, il
pratique la gravure, la fresque et
compose aussi des cartons de tapisserie
pour les manufactures des Gobelins et de
Beauvais.
En 1921 il devient professeur à
l'Académie Ranson et dix ans plus tard à
l'École de la Fresque de la Ville de
Paris. ll partage son temps entre la
capitale où le retiennent ces
importantes fonctions et les diverses
provinces dans lesquelles il vient se
ressourcer, son inspiration demeurant
toujours essentiellement rurale :
Bretagne, Auvergne, Picardie,
Normandie... sans oublier sa
Franche-Comté natale.
Son succès tant auprès des
collectionneurs que de la critique ne se
démentira jamais. La Légion d'Honneur au
titre de peintre lui est conférée en
1930.
Gravement malade, il travaillera
néanmoins jusqu'à sa mort, qui survient
à Paris le 4 mai 1942.
SAINT-SATURNIN
Saint-Saturnin n'appartient plus aux
Limagnes. Établi sur la vallée encaissée
de la Monne, serré de près par des
hauteurs escarpées, il relève déjà de la
montagne, mais grâce à sa belle pierre
dorée et ses toits rouges le bourg offre
encore de l'Auvergne un visage riant. A
l'époque où Zingg y vient (juillet 1921-
janvier 1922) la population y est encore
très largement paysanne, et l'on
retrouve dans les tableaux les
habituelles scènes agricoles et
pastorales. Mais un autre sujet apparaît
avec une toile de grandes dimensions qui
représente La foire à Saint-Saturnin.
Cette composition, fortement construite
et en même temps foisonnante de détails
pittoresques, très homogène tout en
étant constituée d'anecdotes nombreuses
et variées, retiendra l'attention du
directeur de la Manufacture des Gobelins
où se tissait alors une suite des
Provinces françaises. Zingg reçoit
commande du carton pour la tenture
Auvergne. ll y travaille longuement, en
partant bien sûr de son tableau, mais en
s'adaptant aux exigences de l'art du
lissier. C’est l’occasion, en 1924, de
nouveaux séjours auvergnats : « j'ai
besoin de revoir l'Auvergne avant de
donner le dernier coup à mon carton. il
est encore loin d'être terminé, mais il
y a déjà un bon bout de fait ››. Tout à
son sujet, il réalise d'autres scènes de
marché, à Murol cette fois, d'où il
écrit le 26 janvier : « C’est demain la
foire, je vais en mettre un coup. j'ai
des scènes de marché curieuses, deux que
je crois très belles, à l'aquarelle ››.
La tapisserie de La foire à
Saint-Saturnin, exposée au Salon
d'automne de 1928, reçut un accueil
unanimement favorable.
Texte extrait du catalogue de
l’exposition Zingg au musée de Murol
(2005)

La foire de Saint-Saturnin, tapisserie
(4,20 m x 5,86 m)
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