Blanche Selva Pianiste


ARTISTES

Biographie proposée par l’association Blanche Selva

Blanche SELVA
(1884-1942)
Pianiste – Pédagogue - Musicienne

 
Une pianiste précoce
Blanche Selva, d’origine catalane, naît à Brive la Gaillarde en 1884. Elle commence le piano à 4 ans 1/2 ; admise, avant l’âge requis, en classe préparatoire du Conservatoire de Paris, elle y obtient une première médaille Elle en démissionne à 12 ans, insatisfaite de l’enseignement. C’est donc une autodidacte qui travaille seule ses dons exceptionnels.

A 13 ans, elle a déjà des élèves et donne son premier concert public à Lausanne. Sa rencontre à 16 ans avec Vincent d’Indy est déterminante pour sa carrière. Il la nomme professeur de piano à la Schola Cantorum, à 18 ans ! Elle partagera avec lui des valeurs essentielles sur l’Art au point d’être considérée comme sa « fille spirituelle ».
 
A 20 ans, première intégrale pour clavier de Bach
Elle accepte le défi de jouer en 17 concerts l’intégrale de l’œuvre pour clavier de J. S. Bach. C’est une première en France. Elle étonne le public comme les critiques par la diversité de son interprétation. Bach est l’un de ses compositeurs préférés. Les annotations et les conseils d’interprétation qu’elle porte sur les partitions du Cantor restent encore aujourd’hui d’actualité.

Dès l’âge de 25 ans, elle joue les sonates de Beethoven avec suffisamment d’intelligence et de spiritualité pour aborder ce compositeur dans la vérité de son expression. Elle donnera les 32 sonates plusieurs fois, en particulier à Barcelone en 1927.

César Franck est un autre de ses compositeurs favoris. Elle interprète Prélude, Choral et Fugue avec toutes les intentions et la couleur voulues par son créateur. Ce sera une des rares œuvres avec la Partita N°1 de Bach qu’elle enregistra en 1929.

Elle joue avec la même vérité Rameau, Couperin, Scarlatti, Schumann, Chopin, en extasiant chaque fois l’auditoire : l’esprit des maîtres semble la pénétrer et animer ses doigts.

Interprète préférée de la nouvelle Ecole Française
Blanche Selva ouvre ses programmes à son « Maître » Vincent d’Indy, mais aussi à ses amis compositeurs de la Schola Cantorum. Ils lui dédient des œuvres et lui en confient la création de même qu’Albert Roussel, Paul Dukas, Albéric Magnard, Jean Roger-Ducasse. Pour Déodat de Séverac, ami et compositeur proche en esprit dont elle achève la dernière œuvre et écrit la biographie, elle crée aussi plusieurs compositions pour piano.

Isaac Albéniz lui demande la relecture d’Iberia dont elle maîtrise les difficultés et les nouveautés pianistiques. Elle en crée les cahiers. Elle interprète aussi Fauré, Debussy, Ravel, Honegger, Migot, Chabrier, Castillon, Rachmaninov….
Elle-même compose des mélodies, des pièces pour piano et un oratorio.

 

 

 

 

 

 

 

 

Admirée des grands pianistes de son temps
Blanche Selva est, à son époque, la pianiste française la plus renommée. Elle sillonne la France et l’Europe pour donner un nombre incalculable de concerts et de récitals, souvent accompagnés de conférences explicatives remarquées. Sa notoriété égale celle de Ricardo Viñès, Robert Casadesus, Edouard Risler, Alfred Cortot.

Alfred Cortot, avec qui elle travaille, notamment lors de la fondation de l’Ecole Normale de Musique la tenait pour une pianiste « … d’une disposition instrumentale privilégiée. ».

Elle joue, bien entendu souvent avec Vincent d’Indy, mais aussi avec Gabriel Pierné, Eugène Ysaye, Albert Schweitzer, Pablo Casals, Georges Enesco.

De 1920 à 1924, Blanche Selva se consacre à la promotion en France de la musique tchèque et fait connaître en Europe centrale la musique française.

En 1925, elle s’installe à Barcelone et forme avec le violoniste catalan Joan Massià un duo apprécié. En 1930, sa carrière d’interprète est brutalement interrompue par la maladie mais elle n’en poursuit pas moins son enseignement avec énergie.

Un jeu exceptionnel, puissant, clair et délicat
Son jeu est à la fois puissant, varié, lumineux et d’une grande légèreté rythmique avec des sonorités d’une infinie variété, captivant l’auditoire.

Elle prépare minutieusement les œuvres qu’elle interprète grâce à sa connaissance encyclopédique des formes et des courants musicaux, en révélant leur richesse spécifique. Contrôle de la dynamique, sûreté, perfection du rythme et sonorité exceptionnelle, telles sont les qualités de jeu qui furent le plus souvent mentionnées.
Une pédagogue novatrice
Intimement consciente et pénétrée de l’importance des messages laissés par les maîtres classiques, et de leur pensée métaphysique, Blanche Selva a voulu transmettre ce qu’elle avait expérimenté au cours de sa carrière d’interprète. Elle a consigné par écrit ses découvertes qui permettaient d’interpréter avec sincérité, éclat, sûreté les oeuvres du passé aussi bien que les créations de ses contemporains. Elle fut la première en France à pratiquer une méthode rationnelle, dégagée de tout empirisme, basée sur une approche corporelle et des techniques d’attaque en donnant au rythme et au silence leurs places essentielles. Elle ouvrit ainsi la voie au futur en augmentant pour l’interprète le champ des possibles tout en restant au service de l’Art et de la Vérité.

Elle forma des professeurs chargés de diffuser sa méthode et eut plus de 2000 élèves dont Henri Gagnebin, Berthe Poncy-Jacobson, Georges Auric, Emiliana de Zubeldia, Marcel Péhu, Marguerite Gauthier-Villars, Robert Lopez, Xavier Gols, Fructuoso Vianna, Jean Witkowski,…

Auteur de nombreuses transcriptions, attestant de l’intelligence et de la profondeur de ses recherches, elle a relu, revu, annoté et doigté de multiples partitions classiques et contemporaines.

Blanche Selva, une artiste hors du commun
Par son amour ardent de l’Art, son intelligence, son tempérament, son courage, son abnégation et son désintéressement, sa volonté de partage, sa puissance de travail, Blanche Selva est vraiment une artiste d’exception.

Elle meurt à St Amand Tallende (Puy de Dôme) en 1942 à l’âge de 59 ans.
 
« … l’interprète doit disparaître pour que l’œuvre se réalise. Il doit se donner tout entier et ne jamais penser à lui… Si le compositeur ne doit être, réellement, que le serviteur de son art, l’interprète véritable n’est que le serviteur de ce serviteur et son unique gloire est de passer inaperçu …, c’est alors que l’interprète devient lui-même un créateur. Il est, il doit être, du moins, comme le complément de cet auteur ; c’est à lui que l’œuvre est confiée. Il doit s’efforcer de la connaître et de l’aimer… ».

Blanche Selva,
Causerie sur l’Art et son interprétation, 1911


Elle enseigna

Schola Cantorum
Ecole Normale de Musique
Conservatoire de Strasbourg
Conservatoire de Prague
Cours d’interprétation au Mas del Sol à Brive
Créatrice des « Cours Blanche Selva »
Membre du jury du Conservatoire
Fondatrice de l'Ecole Blanca Selva de Barcelone
et de l’Academia de Música de cette ville

Elle a écrit

La Sonate (1913)
L’Enseignement musical de la technique du Piano - 7 vol. (1916-1924)
Les sonates de Beethoven (1927)
Déodat de Séverac (1930)

   
 

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