« Echange
et rencontre sont mes moteurs »
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L'échange et la
rencontre sont des moteurs profonds dans
la vie de Patricia Labbe.
D'où, sans
doute, son autre passion : les langues.
L'anglais et
l'allemand l'ont menée jusqu'au
diplôme de Langues Etrangères
Appliquées, option "industrie
agro-alimentaire", puis à la découverte
des deux pays
par des stages,
dans la pétro-chimie notamment.
Vient le premier
poste, en Angleterre, dans l'entreprise
ICI. A temps partiel ? Patricia le
complète avec un poste d'enseignante les
après-midis : c'est "un coup de foudre
professionnel" ! Et le départ dans
d'autres études, une maîtrise d'allemand
et un nouveau sésame, le CAPES
d'anglais. Serait-ce un double hommage,
à son père, professeur de mathématiques
et sa mère, proviseure de lycée?
Après un passage
au Puy, la nouvelle professeure
certifiée est en poste dans l'académie
de Reims, à Vassy. Elle y rencontre une
dure misère sociale,
des foyers accueillant des
enfants en difficulté que, tous, elle
aurait voulu pouvoir adopter. Et aussi
une belle solidarité professionnelle.
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Mais
la Cantalienne a mal à ses
racines. Pour retrouver
l'Auvergne elle accepte pendant
8 ans un poste de titulaire
remplaçante. Puis, c'est le
poste fixe à Thiers. Elle tombe
amoureuse de la ville, malgré
les difficultés sociales et les
trajets quotidiens entre
Chadrat
et
Thiers.
10 ans
plus tard, il n'est toujours pas
possible de se rapprocher.
Malgré l'amour pour son métier,
et face à la rigidité de
l'Education Nationale, Patricia
se décide à faire usage de sa
propre capacité de
souplesse...et s'intéresse au
concept récent ... des "
Bistrots de pays". Pas
totalement neuve pour elle, une
telle idée : jadis, lorsque le
village cantalien de Chaussenac
fut déserté par le commerce,
elle avait caressé pour lui le
projet d'un bar épicerie...
Alors,
quand se libère à ST-Saturnin le
bar Les Tilleuls, Patricia se
lance. La voici patronne du
Bistrot d'ici !
Son
bistrot, elle tient beaucoup à
ce mot, c'est un lieu qu'elle a
façonné : physiquement bien plus
ouvert qu'avant, clair,
coloré - gris chic, et orange -,
moderne par l'acier corten des
bacs de la terrasse, un peu
rétro par les tables et les
chaises de récupération, un brin
dépareillé pour le côté sans
façons..
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Ce qui compte
par dessus tout, c'est que "Le Bistrot
d'ici" soit un lieu d'ouverture, de
rencontre, d'échange. Et c'est en
s’appuyant sur les gens " d'ici "
( au
sens large, bien sûr) que Patricia le
fait vivre. Avec chaque mois,
l'exposition d'un artiste local, choisi
au gré de ses rencontres. Le livre,
aussi , est mis en avant: il y a le
souvenir mémorable de la soirée de
lecture de l'écrivaine Cécile Coulon,
appréciée bien au delà du niveau local,
avec le comédien Yvon Baudy et le
musicien Dorian Sauvage, et en lien avec
le Château de Saint-Saturnin. Il y a
aussi eu le partenariat avec La
librairie des Volcans, et en hommage à
sa renaissance spectaculaire.
Au Bistrot
d'ici, on s'amuse, par exemple dans les
soirées Karaoke. Et pourquoi ne pas s'y
former ? Le goût des langues vit
toujours en elle, et elle le met en
œuvre avec la clientèle de touristes
étrangers en constant développement.
Surtout, il y a
le club
d'anglais. Mais c'est autre chose que le
lycée, car davantage basé sur l'échange
entre les participants, l'entraide, le
partage, le dépassement des différences
sociales et culturelles. Chez Patricia,
la militante
enseignante n'est jamais loin.
La professeure
est devenue chef d'entreprise? " A ma
manière ", dit-elle.
Il a
fallu passer
de la
totale autonomie de l'enseignante dans
sa classe, au travail en équipe (avec le
compagnon aussi, qui prend sa part, avec
sa forte personnalité ). Et c'est " un
peu difficile, encore, de se reconnaître
dans le rôle hiérarchique"....
Elle se sent
bien dans ce terroir : à Saint-Saturnin
où elle travaille, et dont elle aime les
lavoirs, au hameau de Randol, à Chadrat
qu'elle
habite
et dont l'âme particulière est si
apaisante.
Comment
se passer des fêtes joyeuses autour du
four banal,
de la
chapelle dans la neige d'hiver ?.
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