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LES GENS D’ICI

Madeleine CHABRILLAT

« Madeleine : Saturninoise un jour, Saturninoise toujours ! »

Je suis née à deux pas de l’église, à l’ombre du clocher en janvier 1926 à Saint Saturnin. J’ai fait mes premiers pas place de l’Ormeau qui à ce moment ressemblait à une cour de ferme. Fillette, j’aimais m’aventurer avec ma sœur et mon père dans l’obscurité de l’escalier du clocher, les villageois comptaient sur Georges pour réparer l’horloge. Ils aimaient entendre sonner les heures dans le village et depuis les vignes et les champs. On avait peur avec ma sœur quand les cloches se remettaient à sonner une fois réparée

Le jeudi après-midi j’allais au patronage, au château, avec les bonnes sœurs. A la seconde guerre mondiale nous faisions des spectacles pour collecter de l’argent et envoyer des colis aux soldats du village prisonniers en Allemagne. Jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale j’allais au lavoir de la Freydière avec ma mère pour laver le linge. Ils nous arrivaient d’aller à Clermont-Ferrand, à vélo pour acheter des vêtements. J’avais la chance d’avoir trois vitesses, alors que ma mère n’en avait aucune !

Presque tout le monde était agriculteur, pas de tracteur et encore moins de voiture. On se nourrissait tous de nos produits. Le boulanger, le boucher et le marchand de charbon avaient des petites camionnettes pour livrer leurs produits dans d’autres villages. Ils étaient les seuls à avoir des véhicules à moteurs. Mes parents étaient amis avec le boulanger (Joanès) qui n’aimait pas beaucoup conduire. Il passait volontiers le volant à mon papa pour se promener avec les amis le dimanche. Pas de ceintures de sécurité comme aujourd’hui, les passagers étaient assis sur des bancs en bois et chantaient à l’arrière de la camionnette.

 

Mon père savait bien conduire car à 18 ans il est parti à la guerre de 14-18. Il a appris à conduire à l’armée, pour être chauffeur d’officier.

Nous allions avec mes cousines chez ma grand-mère prier la bonne vierge, protégée par notre famille depuis des générations. Cette belle vierge romane repose maintenant en bonne place à l’église de Saint-Saturnin.

J’ai beaucoup marché et couru dans mon enfance et j’aimais ça. J’allais à l’école à pied avec ma sœur et nos amies. Nous faisions 5 km aller-retour pour aller à l’école Ste-Cécile de St-Amand-Tallende, c’était très gai et nous étions contentes de faire ce trajet ensemble … Même si parfois les garçons nous lançaient des marrons dans l’allée des marronniers … Aujourd’hui j’aime encore me promener dans mon village mais je ne rencontre pas beaucoup de monde… Les gens sont pressés dans leur voiture…

J’ai eu le bonheur de me marier dans mon beau village natal et d’y fonder une grande famille : enfants, petits-enfants et arrières petits-enfants continuent à rythmer ma vie avec les fêtes religieuses.

Saturninoise un jour, Saturninoise toujours !

De Léa ta petite-fille

   
 
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