10000 à 8000 av JC : Le lieu
Saint-Saturnin est une vallée comblée
par l’éruption de deux volcans, le Puy
de la Vache et le Puy de Lassolas. La
datation a été possible à partir des
charbons fossiles.
De la Préhistoire on ne dispose
d’aucun vestige, sinon quelques menhirs
et dolmens (St Nectaire, Fohet, Tauves…)
A l’époque Gallo-romaine : En 52
av JC, la Gaule, et en particulier notre
région, est occupée par les romains.
Vercingétorix bat les légions romaines à
Gergovie, près de Saint-Saturnin. Il
reste de cette époque des noms d’origine
gallo-romaine comme Espirat, Issac,
Pagnat, Chadrat, Pradat, Cladeyras,
Salzerat… Le nom donné était souvent
celui du propriétaire du lieu.
500 ans après JC , époque de
Clovis et des Mérovingiens.
A Sauxillanges, une abbaye possédait un
registre intitulé « les Cartullaires »
qui relatait les faits ; et c’est ainsi
qu’on y apprend qu’il existait un
atelier de frappe de monnaie
mérovingienne à Tallende. Il est
peut-être possible qu’il ait eu un
château pour protéger cette fabrique.
L’an 1000 : un grand évènement :
l’abbé de Souvigny, saint Odilon de
Mercoeur, donne l’ordre de fonder un
prieuré à Saint-Saturnin en 1040 [cette
mention que l’on trouve dans certains
ouvrages contemporains n’est pas avérée
par un document d’époque - NDLR]. Il
nous reste de ce prieuré la chapelle
Sainte Madeleine et quelques éléments du
cloître (dans la sacristie actuelle).
Au XIIème siècle : vers 1150 on
voit apparaître l’église de
Saint-Saturnin, construite sur une
partie de prieuré. Cette église a été
bâtie sur une durée de 20 ans environ,
ce qui est pour l’époque très rapide. Ce
sont des ouvriers nomades qui
construisaient ces églises, ouvriers
originaires d’Italie et allant vers
l’Espagne. Ces églises sont construites
en pierres :
1° à cause des incendies
2° parce que le bois était devenu
très rare
3° et que les Bénédictins qui
chantent, ont besoin de pierres pour la
résonnance des chants
Au XIIIème siècle s’installe à
Saint-Saturnin la famille de la Tour
d’Auvergne très puissante et qui connaît
très bien les rois de France. Elle
commence à faire construire le château.
Elle participe à la bataille de Bouvines
en 1214. Philippe-Auguste remporte la
victoire contre l’empereur germanique
Othon IV et ses alliés Jean sans terre,
roi d’Angleterre, et le comte de
Flandre. Cette victoire, si importante,
est considérée comme la première
victoire nationale. C’est à cette
occasion que la famille de la Tour
d’Auvergne gagne les fleurs de Lys dans
ses armoiries. Pendant la guerre de cent
ans et les guerres de religion, cette
famille oscille entre les catholiques et
les protestants.
Au XVIème siècle : En 1509, Jean
de la Tour d’Auvergne décède. Ses deux
filles héritent des terres : Anne qui va
mourir très vire après et Madeleine qui
épouse Laurent II de Médicis en 1518.
Ils meurent tout les deux en 1519 ; leur
seul enfant, Catherine de Médicis,
hérite des terres de son grand-père. Et
Catherine épouse Henri II qui deviendra
roi de France. Dans son héritage,
Catherine se voit octroyer le château de
Saint-Saturnin, son village, le ville de
la Tour d’Auvergne, Besse, le château de
Montredon, la Pradat, le domaine de
Varenne, Saint-Amant, Saint-Sandoux,
Montpeyroux et Coudes.
Visite du fils du roi de France, le
futur Charles IX pour un jour, puis
visite de Marguerite de Valis, épouse de
Henri de Navarre, futur roi Henri IV.
Celle-ci devient propriétaire du château
en 1600. Exilée par le roi à Carlat,
elle est emprisonnée à Usson ; elle s’y
rend en passant par Saint-Saturnin où
elle reste quelques jours. Elle restera
à Usson une douzaine d’années [en fait
elle y restera 19 ans - NDLR]. Elle fait
don du château au roi Louis XIII, fils
d’Henri IV et de Marie de Médicis.
A cette époque Saint-Saturnin est
entouré d’une double enceinte de
remparts ; il en reste quelques vestiges
: rue de la Boucherie, le reste d’une
tourelle à la hauteur de la maison
Jacomet, et la poterne.
En 1617, coup de théâtre : Jean III
avait une sœur ainée Louise dont les
héritiers, les Rochechouart de
Chandenier, intentent un procès aux La
Tout d’Auvergne pour récupérer ce qu’ils
estiment être leur héritage. En 1617, le
Parlement de Paris donne raison aux
héritiers de Louise ; les La Tour
d’Auvergne ont alors quitté le château ;
et les Rochechouart s’installent en 1620
et exploitent le domaine jusqu’en 1668,
date à laquelle ils quittent l’Auvergne.
Le château et le domaine sont mis en
vente et achetés par des italiens, les
Broglie. Sur la fontaine, place du
château, on peut voir les armes de
Marguerite de Valois, celles des Broglie
et celles des Caylus, descendants des
Broglie.
Au XVIIIème siècle : En 1792, le
château est vendu comme bien national
(les Caylus, derniers propriétaires et
occupants, ont émigré). Monsieur
Martinet, intendant, achète le bien : il
l’offrira à la famille Caylus qui
refusera d’en redevenir propriétaire. En
1798, Monsieur Martinet vend le château
comme carrière de pierres à Mrs
Montéléon et Blanchot qui le revendent
avec bénéfice à Monsieur Simon Chomette,
sans doute vers 1800.
On ne sait pas trop comment les sœurs de
Saint-Vincent de Paul se sont installées
au château. Après la seconde guerre
mondiale, elles y sont. Elles ont signé
avec Monsieur Chomette un bail de 100
ans pour la moitié de la propriété et
elles occupent aussi la seconde partie.
Elles prennent soin des malades de la
commune et des communes voisines. Vers
1973, ne pouvant plus honorer les normes
exigées par la Sécurité Sociale, elles
se retirent à Lyon et ne revendiquent
pas la propriété du château qui sera
alors vendu par le cabinet des
généalogistes Coutôt et par Monsieur
André Chomette à Mrs Guédès et Chaffenet
qui y demeurent 20 ans.
Madame Verdier de Pagnat a acheté
l’église comme bien national, après
avoir demandé au révolutionnaire Couthon
d’épargner le clocher (les clochers ont
été pratiquement tous rasés pendant la
révolution). Le clochers de Saint
Saturnin est donc d’origine et a servi
de modèle à la reconstruction de
nombreux clochers auvergnats. Une autre
version dit que ce serait la femme de
Couthon (de 20 ans sa cadette) qui
serait intervenue auprès de son mari.
A la révolution les archives de l’église
ont été brûlées, ce qui est bien
regrettable car elles conservaient
l’histoire du pays.
Après la révolution : La commune
de Saint Saturnin s’adonne à la
polyculture ; il n’existe à cette époque
que peu de forêts, surtout des terres
cultivées que l’on s’efforce de rendre
plus fertiles en les épierrant. Des
pierres enlevées on fait des murets qui
entourent les champs. La Pradat,
actuellement rec ouverte de forêts
n’était que des champs. Les familles
possèdent des volailles, des lapins, un
ou deux cochons et, si l’on est plus
riche, une ou deux vaches. Avec tout
cela on vit en autarcie ; il y a alors
très peu de commerce.
Un peu plus tard on passe à la culture
de la vigne sur les pentes ensoleillées,
ce qqui comporte un travail considérable
avec la mise en place des terrasses (paillhas),
la remontée de la terre descendue par le
ravinement créé par les pluies et le
fumier qu’il faut porter à dos d’homme
dans des paniers. Mais une partie du vin
est vendu et cela rapporte un peu
d’argent aux familles.
En 1896 le phylloxera et un peu plus
tard la guerre de 14-18 seront
responsables de la disparition d’une
bonne partie des vignes. Les usines
Michelin et les 2 papeteries de
Saint-Amant et Tallende elles aussi
attireront beaucoup d’hommes qui
préfèreront y travailler comme ouvriers.
En 1901 fût créé le premier syndicat
viticole dont le président se nomme
Monsieur Guitard.
Le pain : Jusqu’au début du XXème
siècle les gens fabriquaient chez eux le
pain dont ils avaient besoin et ils le
portaient à cuire dans le four du
boulanger moyennant finance. A cette
époque il existe 2 boulangers à Saint
Saturnin ; mais les habitants du village
découvrent qu’ils payent le double pour
faire cuire le pain que les gens de
Saint Amant ! Aussi en 1920 la Mairie
décide de faire construire un four
communal pour la somme de 3200 f. C’est
un généreux officier à la retraite
habitant rue Noble qui avança cette
somme. Avant le chauffage au mazout, il
fallait, en apportant son pain à cuire,
apporter ses fagots pour alimenter le
feu.
Le blé était moulu aux différents
moulins installés sur la Monne.
La lessive : On lave le linge 2
fois par an (en fait ce sont surtout les
draps) ou 1 fois par an pour les plus
riches qui disposent de plus de draps
dans leurs armoires. Si on ne possède
pas de ces cuviers en terre (que l’on
peut voir encore, transformés en
jardinières) on peut utiliser ceux des
quartiers ; on y verse de la cendre que
l’on est souvent allé chercher au four
communal, on met l’eau à chauffer avec
cette cendre en allumant un feu sous le
cuvier. Une fois la lessive bien
bouillie, on va à la Monne pour rincer
le linge dans les lavoirs prévus à cet
effet.
Les commerces : Aux environs de
1920-1930, Saint-Saturnin voit plusieurs
commerces s’installer dans le village :
plusieurs bistrots-épiceries, un
maréchal-ferrant, un charron, deux
menuisiers, un sabotier ; ces commerces
se situaient à peu près tous rue de la
Boucherie où l’on peut voir encore la
trace des ouvertures de ces échoppes.
A Vocan et à Pagnat on tissait le
chanvre que l’on cultivait alors et qui
disparut vers 1914, car l’importation du
coton commence à se diffuser. Ce chanvre
était roui au moulin de la Freydière.
Les adductions d’eau : Avant 1900
une unique fontaine située près du
château alimente le village, celle-ci
provient de la source de Salzerat. L’eau
parvient jusqu’à la fontaine par un
système de siphon qui monte l’eau
jusqu’au château d’eau dont les murs,
recouverts de glaise, garantissent
l’étanchéité et l’isolation.
La fontaine actuelle de la place de
l’Ormeau provient vraisemblablement du
château.
Après 1900 (1902-1904) une dizaine de
fontaines apparaissent dans le village,
alimentées entre autres par la source de
Cladeyrat où l’eau est conduite vers
deux châteaux d’eau situés à Chadeveau.
On en voit les constructions encore
aujourd’hui. Les fontaines de Chadrat
datent de 1904.
Aux environs de 1960 une seconde
adduction d’eau (eau en provenance de
Rouillas-Bas) alimente la commune. C’est
alors que les fontaines et lavoirs du
village sont supprimés.
L’enseignement : Avant le
Révolution, les Broglie entretenaient
deux Sœurs de la Charité rue Noble (dans
l’actuelle maison Fromageot) pour
qu’elles s’occupent de l’instruction des
filles ; les garçons eux sont occupés
aux trvaux des champs donc peu
disponibles pour apprendre à lire et à
écrire.
Cependant en 1850 le collège
Saint-Joseph est fondé pour les garçons
et tenu par 3 Frères. Ce collège
connaîtra bien des aléas à cause des
lois Ferry et Combes. Mais, après avoir
été expulsés, les frères reviendront
dans leur collège.
En 1875 la famille Chomette autorise
l’ouverture d’une école de filles dans
une partie du château.
En 1898 on construit 2 bâtiments de part
et d’autre de la mairie. Ces bâtiments
achevés en 1906 vont devenir l’école des
garçons et l’école des filles.
L’enseignement public est définitivement
instauré à Saint-Saturnin.
Mais les leiux où s’est fait l’école
avant sont variés : la Madeleine, la
maison Comby…
Au château sont accueillis des malades :
le professeur Mondor a déclaré que l’air
de Saint-Saturnin est un remède miracle
pour les convalescents et les
tuberculeux *
Des gens célèbres qui ont habité
le village.
Surtout des peintres :
Madrassi qui achète une maison rue
Noble,
Gen Paul venu faire soigner sa femme par
les sœurs et qui logea chez « l’Angelina
» en juillet 1938
Le célèbre Charreton
Mario Pérouse
Yvonne Queylard…
Paul Bourget, écrivain qui habita dans
la maison Queylard
Monsieur Bardoux, homme politique…
Pendant la guerre de 14-18 :
Saint-Saturnin paye un lourd tribut à la
guerre : 28 morts sur le champ de
bataille pour environ 800 habitants. Des
soldats américains blessés sont
accueillis pour se faire soigner à
Rochemanie chez Mme Borrot, au château
et dans diverses maisons.
Le 11 Novembre 1918 l’armistice est
annoncé par Madame Bardoux qui remonte
toute l’allée des marronniers en courant
pour annoncer la bonne nouvelle. Toute
la journée les habitants se relayent
pour sonner les cloches de l’église.
Saint-Saturnin, tout au long de
l’Histoire, ne fût pas épargné par
les terribles maladies comme la
peste, la lèpre, la grippe espagnole.
Dans le quartier des granges devait se
trouver une léproserie au Moyen Age et
le cimetière pour ces malades se situait
sur l’actuelle route de Saint-Verny.
Le cimetière du village était autour de
l’église. Il a été supprimé en 1850 et
le grand père de Mme Chabrillat a été le
premier enterré dans le nouveau
cimetière.
Les plus anciennes familles de
Saint-Saturnin sont les Jarton, Bonnard,
Vendanges, Bergougnoux…etc…
Texte écrit selon les notes et
compilations de M. Alain Mirande, Maire
honoraire, en novembre 2009, pour le
Club de l’Age d’Or.
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