Conférence de Mathieu Lescuyer au
château de Saint Saturnin le 20 août
2014
Présentation d'un registre d'armes
dédié par le héraut Guillaume REVEL au
roi Charles VII.
Unique en son genre, l’Armorial de
Revel, ou Armorial d’Auvergne,
Bourbonnais et Forez, réalisé au long de
la décennie 1450 par le héraut d’armes
Revel pour le duc de Bourbon Charles Ier
(† 1456) et finalement dédié au roi
Charles VII, est fameux à bien des
titres, et au premier chef pour ses
spectaculaires représentations de villes
et sites castraux de nature très variée.
Apprécié de longue date, copié dès le
XVIIe siècle, il a suscité d'importantes
recherches depuis une quarantaine
d'années. Gabriel Fournier en 1973 s'est
livré à un travail pionnier sur la
morphogénèse des sites auvergnats
représentés dans l'armorial, soulignant
l'apport fondamental offert par
celui-ci, notamment en matière de
castellologie. Emmanuel de Boos, en
1998, a publié le manuscrit sous forme
de fac-similé, tout en éditant, de façon
magistrale, l'armorial à proprement
parler et ses quelques six cents
armoiries attribuées, sauf exception, à
des individus nommés par leurs nom et
patronyme. Pierre-Yves Lafont enfin en
2011 a dirigé la monographie collective
consacrée à la partie forézienne de
l'armorial sur le modèle donné par G.
Fournier. Largement reproduit, il jouit
localement d'une très large notoriété, à
tel point qu'une « Maison de l'Armorial
» lui a été dédiée à
Saint-Marcellin-en-Forez.
Tout n'a cependant pas encore été dit
sur ce monument. Cette présentation sera
l'occasion d'un examen du prologue écrit
par Revel, qui n'a pas jusqu'ici
recueilli toute l'attention qu'il
méritait. Quinze années environ après la
révolte princière de la Praguerie contre
le roi Charles VII, l'armorial s'inscrit
dans une réécriture des rapports entre
les princes et le roi et fournit une
illustration – à divers sens du terme –
des ressorts féodaux et de leur
importance persistante.
De même, il reste à établir une sorte de
stemma entre, en amont, archétypes
potentiels de ces vues castrales, et, en
aval, ses éventuels dérivés. Plutôt
isolé jusqu'ici, l'armorial doit
certainement être rapproché d'un
manuscrit d'importance du règne de
Charles V, dont les deux originaux,
aujourd'hui disparus, ne sont plus
connus que par une copie du XVIIe
siècle, réalisée pour Roger de
Gaignières, l'un des plus talentueux
collectionneur et 'antiquaire' d'alors,
également possesseur, ce qui n'est pas
un hasard, de l'Armorial d'Auvergne
lui-même. Les parallèles entre ce
dernier et ce modèle, le registre des
fiefs du comté de Clermont-en-Beauvaisis
(1373-1376), importante possession de
longue date des Bourbons, seront évoqués
plus en détail.
L'entreprise de longue haleine de
Guillaume Revel fournit enfin matière à
réflexion sur la gestion des ressorts
féodaux et la représentation que
pouvaient s'en faire les officiers du
prince.
Résumé de la conférence donnée le 27 mai
2014 à l’Institut du Patrimoine par
Mathieu Lescuyer, conservateur en chef
au département des Manuscrits,
Bibliothèque Nationale de France, &
d'Olivier Matteoni, professeur
université Paris I Panthéon Sorbonne sur
le même sujet. |