LE PETIT JOURNAL
 

PETIT JOURNAL des Amis de Saint Saturnin – n° 12 – octobre 2009
 

 
Elles sont là, toutes les trois, perchées à 28 mètres de haut, dominant le village de Saint-Saturnin et résonnant dans la vallée de la Monne, suspendues dans ce clocher aux 86 marches. Le puissant massif rectangulaire du transept porte le clocher octogonal le mieux conservé d’Auvergne. Le beffroi en chêne fut refait en 1894.
Nous les appellerons cloches une, deux et trois.
La cloche numéro un, la plus grosse, est la plus ancienne, fondue en 1749, d’un poids de mille deux cents kilos.
La cloche numéro deux, refondue avec une ancienne cloche en 1877, d’un poids de cinq cent cinquante kilos.
La cloche numéro trois, fondue en 1823, d’un poids de cent cinquante kilos.
Les cloches deux et trois sont disposées à l’étage inférieur. La cloche numéro un est placée à l’étage supérieur. Le plan de balancement est nord-sud. Une fois par an elles font l’objet d’une révision et d’un entretien financé par la mairie.
 

 

cloches n° 2 et 3

Leur présence dans notre village.

Elles annoncent le bonheur : mariages et baptêmes, mais aussi le malheur : les obsèques (le glas, une tradition toujours maintenue). Autrefois utilisées pour les grands événements nationaux : déclaration de guerre en 1914, en 1939, fin de la guerre en 1945. Elles sont d’ailleurs toujours potentiellement utilisables par le ministère de l’Intérieur en cas de catastrophe ou danger public.
Mais n’oublions pas non plus leur présence au quotidien pour annoncer l’heure, l’Angélus matin midi et soir, les célébrations dominicales et les vêpres.
 

Un peu de terroir avec la cloche numéro un.

La plus grosse cloche était également utilisée autrefois pour écarter les orages et protéger les récoltes de la grêle. Son tintement très fort une fois lancé écartait les nuages. Dès que l’orage menaçait, les agriculteurs de Saint-Saturnin, Georges Juillard, Pierre Cellier, Alexis Tixeront, Elie Bonnard et bien d’autres encore, que ce soit le jour ou la nuit montaient au clocher pour tirer la corde tant que l’orage était présent sur le village. Et pour la petite histoire, racontée par les anciens, nos voisins agriculteurs de Saint-Amant ou de Saint-Sandoux récoltaient la grêle.
On aura noté l’efficacité de cet anti-grêle jusqu’à l’électrification des cloches, car le balancement de la cloche étant plus rapide qu’à la main de l’homme il était devenu inefficace, et dans les années 1970 des fusées paragrêle étaient lancées du terrain de sport par Albert Tixier dit Bébert derrière la mairie.

L’historique de la cloche numéro un.

Elle vient d’être classée par les Monuments historiques. Parcourons-la un peu. Description de la cloche (depuis la partie supérieure jusqu’à la base de la cloche). Anses de type « couronne » : 6 anses avec décor de têtes humaines. Les inscriptions sont portées en capitales romaines avec empattements. L’inscription débute à l’ouest.

Cloche n° 1

 

En première ligne IHS S MARIA AVDIO DEVM VERUM CLERUM PLEBEMQUE VOCO VOS PLORO (Jésus Marie, j’entends le vrai Dieu, j’appelle le clergé et le peuple et je vous pleure).
En seconde ligne TEMPESTATES FUGO FESTA DECORO ANNO DOMINI 1749 (je mets les tempêtes en fuite ; je suis l’ornement des fêtes ; l’an du Seigneur 1749).

 

Au nord : grande croix grecque formée de rinceaux. Au nord est : effigie sur pied d’une sainte tenant son manteau, placée dans un cartouche à l’arc Tudor, surmontée d’un lys et entourée de rinceaux.
A l’est
: armes de France dans un écu moderne entourées des colliers des ordres du Saint-Esprit et de saint Michel et timbrées de la couronne royale. Au sud est : un cartouche rectangulaire contenant le buste d’un saint regardant vers la droite et posant sa main sur son cœur. Au sud : un crucifix avec rinceaux aux extrémités, avec la sainte Vierge et saint Jean ; la croix latine est posée sur un piédestal formé de rochers. Au sud ouest : Vierge à l’Enfant posé sur un piédestal en forme de croissant et effigie cantonnée de quatre têtes d’angelots. A l’ouest : un losange posé sur pointe, bordé de rinceaux avec fleurs de lys au centre. Au nord ouest : effigie sur pied de saint Saturnin portant une mitre et tenant une crosse posée sur un piédestal formé de végétaux. Inscription « Saint-Saturnin ».

C’est à nous et à nos enfants qu’il appartient de conserver ce patrimoine qui de génération en génération a fait vivre le village.

Jean-pierre Tixeront.

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