Elles
sont là, toutes les trois, perchées à 28
mètres de haut, dominant le village de
Saint-Saturnin et résonnant dans la
vallée de la Monne, suspendues dans ce
clocher aux 86 marches. Le puissant
massif rectangulaire du transept porte
le clocher octogonal le mieux conservé
d’Auvergne. Le beffroi en chêne fut
refait en 1894.
Nous les appellerons cloches une, deux
et trois.
La cloche numéro un, la plus grosse, est
la plus ancienne, fondue en 1749, d’un
poids de mille deux cents kilos.
La cloche numéro deux, refondue avec une
ancienne cloche en 1877, d’un poids de
cinq cent cinquante kilos.
La cloche numéro trois, fondue en 1823,
d’un poids de cent cinquante kilos.
Les cloches deux et trois sont disposées
à l’étage inférieur. La cloche numéro un
est placée à l’étage supérieur. Le plan
de balancement est nord-sud. Une fois
par an elles font l’objet d’une révision
et d’un entretien financé par la mairie. |
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cloches n° 2 et 3 |
Leur présence dans notre village.
Elles annoncent le bonheur : mariages et
baptêmes, mais aussi le malheur : les
obsèques (le glas, une tradition
toujours maintenue). Autrefois utilisées
pour les grands événements nationaux :
déclaration de guerre en 1914, en 1939,
fin de la guerre en 1945. Elles sont
d’ailleurs toujours potentiellement
utilisables par le ministère de
l’Intérieur en cas de catastrophe ou
danger public.
Mais n’oublions pas non plus leur
présence au quotidien pour annoncer
l’heure, l’Angélus matin midi et soir,
les célébrations dominicales et les
vêpres.
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Un
peu de terroir avec la cloche numéro un.
La plus grosse cloche était également
utilisée autrefois pour écarter les
orages et protéger les récoltes de la
grêle. Son tintement très fort une fois
lancé écartait les nuages. Dès que
l’orage menaçait, les agriculteurs de
Saint-Saturnin, Georges Juillard, Pierre
Cellier, Alexis Tixeront, Elie Bonnard
et bien d’autres encore, que ce soit le
jour ou la nuit montaient au clocher
pour tirer la corde tant que l’orage
était présent sur le village. Et pour la
petite histoire, racontée par les
anciens, nos voisins agriculteurs de
Saint-Amant ou de Saint-Sandoux
récoltaient la grêle.
On aura noté l’efficacité de cet
anti-grêle jusqu’à l’électrification des
cloches, car le balancement de la cloche
étant plus rapide qu’à la main de
l’homme il était devenu inefficace, et
dans les années 1970 des fusées
paragrêle étaient lancées du terrain de
sport par Albert Tixier dit Bébert
derrière la mairie.
L’historique de la cloche numéro un.
Elle vient d’être classée par les
Monuments historiques. Parcourons-la un
peu. Description de la cloche (depuis la
partie supérieure jusqu’à la base de la
cloche). Anses de type « couronne » : 6
anses avec décor de têtes humaines. Les
inscriptions sont portées en capitales
romaines avec empattements.
L’inscription débute à l’ouest.
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Cloche n° 1 |
En
première ligne IHS S MARIA AVDIO DEVM
VERUM CLERUM PLEBEMQUE VOCO VOS PLORO
(Jésus Marie, j’entends le vrai Dieu,
j’appelle le clergé et le peuple et je
vous pleure).
En seconde ligne TEMPESTATES FUGO FESTA
DECORO ANNO DOMINI 1749 (je mets les
tempêtes en fuite ; je suis l’ornement
des fêtes ; l’an du Seigneur 1749). |
Au
nord : grande croix grecque formée
de rinceaux. Au nord est :
effigie sur pied d’une sainte tenant son
manteau, placée dans un cartouche à
l’arc Tudor, surmontée d’un lys et
entourée de rinceaux.
A l’est : armes de France dans un
écu moderne entourées des colliers des
ordres du Saint-Esprit et de saint
Michel et timbrées de la couronne
royale. Au sud est : un cartouche
rectangulaire contenant le buste d’un
saint regardant vers la droite et posant
sa main sur son cœur. Au sud : un
crucifix avec rinceaux aux extrémités,
avec la sainte Vierge et saint Jean ; la
croix latine est posée sur un piédestal
formé de rochers. Au sud ouest :
Vierge à l’Enfant posé sur un piédestal
en forme de croissant et effigie
cantonnée de quatre têtes d’angelots.
A l’ouest : un losange posé sur
pointe, bordé de rinceaux avec fleurs de
lys au centre. Au nord ouest :
effigie sur pied de saint Saturnin
portant une mitre et tenant une crosse
posée sur un piédestal formé de
végétaux. Inscription « Saint-Saturnin
».
C’est à nous et à nos enfants qu’il
appartient de conserver ce patrimoine
qui de génération en génération a fait
vivre le village.
Jean-pierre Tixeront. |
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